" L'un des sujets de mon roman Les garçons est celui d'un prêtre incroyant, qui prend la tonsure en étant incroyant, ce qui est assez rare ; et qui est un sujet assez rarement traité. Ce qu'on a traité souvent, Huysmans, Barbey d'Aurevilly, Bernanos et d'autres, c'est l'histoire d'un prêtre qui a une crise et qui perd la foi... Dans mon livre, c'est un prêtre qui entre en prêtrise sans avoir la foi. C'est un sujet qui me tenait à cœur depuis très longtemps, depuis 1929, époque où je vis officier un abbé, directeur d'un grand monastère à l'étranger, dont on m'avait dit qu'il était complètement athée. Il était très imposant, très respectable, remplissait parfaitement les devoirs de sa charge, mais de tous côtés le bruit me revenait qu'il ne croyait absolument pas en Dieu. Cela me frappa beaucoup et dès 1929, moi qui n'ai pas de foi religieuse mais qui croit sentir assez bien le christianisme et le catholicisme, puisque j'ai écrit six ouvrages où ils sont en jeu, je m'étais toujours dit que je traiterais ce sujet. J'ai attendu très longtemps pour le faire puisque Les Garçons ont été écrits en 1965 - 1967...
Je me suis très précisément informé auprès des prêtres, notamment d'un que je connais bien, qui n'a pas la foi et qui l'avoue. Comme dans tout ce que j'écris, il y a une part qui vient de moi-même, une part venant d'information, et aussi une part d'invention romanesque, de fiction."
Henry de Montherlant . Entretien avec Philippe Djian pour Le Magazine Littéraire n°28 ( Avril - mai 1969 )