rien pour faire face au désespoir. (Charles Juliet)

" Vos cheveux n'ont pas dansé sur mon visage, vos mains sont restées closes, vos lèvres ont dérobé leur pulpe végétale, votre voix s'est éteinte. En vain j'ai erré dans la soif autour de vos silences. vos yeux d'ébène m'ont laissé la nuit "

 

" Les seuls êtres qui m'intéressent, les seuls avec qui je me sente des affinités, sont ceux qui ont un pouvoir de refus, de défi, de contestation, qui savent implicitement qu'il n'est pas de vie sans liberté. "

" Il est erroné de prétendre qu'il existe des poètes maudits, car tout poète est un privilégié ( ou s'il y a malédiction, elle réside dans le privilège ). Les seuls véritables maudits sont ces désespérés qui n'ont rien pour faire face au désespoir. "

" La maturité naît de la victoire de l'humilité sur l'impatience et l'orgueil "

" Ce vertige qui nous saisit quand nous parvenons à réaliser que des milliards d'êtres humains nous ont précédés, ont existé charnellement, ont eu un présent, ont vécu, aimé, joui, pour finalement disparaître sans rien laisser, sans nous léguer aucune réponse... Quelle somme de souffrances depuis que l'homme existe, quel triomphe de destruction et de mort, quel absurde et inadmissible gâchis.
 Et nous aussi , nous disparaîtrons, nous nous immergerons dans ce passé que nos descendants considèreront comme nous le considérons, continuant de ne rien comprendre.

Charles Juliet : "Journal 1. 1957 - 1964 " Hachette 1978